12 octobre 2021

Quand Gene Vincent rencontrait Bill Haley

Les photos sont connues : Bill Haley avec Little Richard, Bill Haley avec Sam Cooke, Bill Haley avec Elvis... Mais Bill avec Gene Vincent, the "screaming kid" ? Une très rare photo d'eux ensemble a été publiée sur un site de réseau social. Sur ce cliché, qui daterait de 1970, Gene discute avec le Roi du rock-and-roll et son saxophoniste, Rudy Pompilli, sur une scène, avant ou après un concert.

A l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Gégène, il me fallait publier cette image.

Gene Vincent, Bill Haley, Rudy Pompilli :
légendes du rock en conversation.


1 juillet 2021

Disque : R-O-C-K (1976), par Bill Haley

En 1976, Bill Haley est sur le point de quitter la scène. Le roi du rock est affecté par la mort de son saxophoniste Rudy Pompilli, décédé d'un cancer des poumons le 5 février. Membre des Comets depuis 1955, pour le meilleur et pour le pire, Rudy était une sorte de frère pour Bill. Comment continuer ? A quoi bon le faire ? dut se demander Bill.

Bill Haley 1976
R.O.C.K. sortit en 1979 sous licence
chez Sun Records (recto de la pochette).
Sous contrat chez Sonet, l'homme à l'accroche-coeur avait enregistré en studio pour la dernière fois en 1972, à Nashville, pour l'album Just Rock and Roll Music. La firme suédoise lui passe une nouvelle commande. Pour la troisième fois, le producteur est Sam Charters. Après la mauvaise expérience de Nashville où Haley, alcoolisé, aurait semé le chaos au motel, l'enregistrement a lieu en Alabama, au studio FAME (Florence Alabama Music Enterprises). Bill se rend au studio, alors situé à Muscle Shoals, accompagné de sa femme Martha et du jeune fils qu'il a eu avec elle, Pedro. Martha étant présente, Bill se tient en principe à l'écart de la bouteille. 

Un mystère subsiste sur cet enregistrement : une partie des musiciens – le guitariste soliste, le pianiste, le saxophoniste et le batteur – sont inconnus à ce jour. S'agit-il de musiciens locaux, de "requins de studio" ? Seuls seraient identifiés le guitariste rythmique (Ray Parsons, entré chez les Comets en 1969) et le bassiste (Jim Lebak, entré en 1974).

Le disque est, comme à l'habitude pour Haley, composé de reprise : des morceaux de son propre répertoire, allant de la période pré-Decca ("I'll Be True To You" ; "Farewell, So Long, Goodbye" ; "l'll Be True to You" ; "Dance With a Dolly") aux années Decca ("Dim, Dim the Lights" ; "Ooh! Look-a There Ain't She Pretty" ; "Dim, Dim the Lights" ; "Burn That Candle"; "R-O-C-K" ; "I Got a Woman") en passant par les années mexicaines ("Mohair Sam", chanté en 1966 par le guitariste soliste Johnny Kay sur Orfeon). 

Un ton plus bas

Bill Haley 1976
Verso de la pochette de R.O.C.K.. Photo prise lors de la tournée
européenne de fin 1974, avec Rudy Pompilli au saxo.
Bill Haley était-il fatigué ou enrhumé ? Lors de cette session, d'une voix nasale, il reprend certains morceaux un ton plus bas que lors des enregistrements originaux. A titre de comparaison, son confrère Gene Vincent, même usé par les tournées, l'alcool et la cigarette, chanta ses classiques ("Be Bop a Lula", "Say Mama"...) jusqu'au bout dans la même tonalité. Idem pour Elvis qui, en 1977, reprenait sur scène encore "Jailhouse Rock" en ré, comme vingt ans avant. 

Pour revenir à Bill, malgré les changements de tonalité, ses enregistrements de 1976 sont de bonnes réalisations. Les solos de saxo, guitare et piano s'enchaînent, parfois rallongés par rapport aux versions d'origine. Au mixage, la guitare rythmique acoustique est très en arrière, quasi inaudible, hormis sur "R.O.C.K".

Ce sera l'avant-dernier disque de Bill, précédant de trois ans Everyone Can Rock 'n' Roll, mis en boîte dans le même studio. 

Détails du disque sur Discogs






9 février 2021

Bill Haley, mort en pyjama il y a 40 ans

J'ai beau ne pas l'avoir connu, ni l'avoir vu en concert, je me souviens de Bill Haley. Aujourd'hui, 9 février 2021, il y a quarante ans que William John Clifton Haley est décédé. Il avait 55 ans. Retrouvé à 12 h 35 dans un lit, dans la "pool house" (pavillon dédié à l'entretien d'une piscine) de sa demeure, à Harlingen (Texas). C'est un ami, chef de la police locale, qui avait rendez-vous avec lui qui fit la découverte. Bill était en pyjama, allongé comme s'il dormait. Selon le certificat de décès, la mort fut causé par une attaque cardiaque. 
Mort de Bill Haley 9 février 1981
Bill Haley à l'époque des concerts "revival", vers 1970.

Paisible mais funeste fin pour l'homme qui popularisa cette musique joyeuse qu'est le rock and roll.

Chanteur reclus
Les derniers jours du Roi du rock and roll furent tristes. Bill s'était reclus dans la "pool house" afin d'éviter que ses enfants le voient ivre ou manifestant des problèmes psychiques causés ou accentués par son alcoolisme*. Le 8 février, il avait téléphoné à l'un de ses fils, Bill Junior, se plaignant de l'absence de sa femme Martha et de leurs enfants. Il implora ce fils, qu'il avait eu d'une précédente femme, d'appeler Martha afin qu'elle l'accepte à nouveau à la maison. Bill Junior refusa, n'ayant jamais parlé à Martha. Il raccrocha l'appareil, agacé. Il pensait avoir à faire à un des habituels appels de son père, qui, ces derniers mois, perturbé, racontait en pleine nuit des histoires invraisemblables comme celle d'avoir servi chez les Marines.

Le Roi du rock and roll est mort seul, sans doute dépressif. Il avait peint en noir, à la bombe, les fenêtres de sa "pool house". 

* Crazy Man Crazy, The Bill Haley Story, par Bill Haley Jr et Peter Benjaminson, Omnibus Press, 2019, p. 272 (non traduit).